Si lointaine Birmanie ... Non par la distance mais par le temps ici
suspendu. Si le Sud-Est asiatique court après le modernisme et la croissance
économique, la Birmanie au contraire demeure dans une douce léthargie moyenâgeuse que même le tourisme balbutiant ne parvient pas à réveiller.
...Pour combien de temps encore ?
Birmanie ou Myanmar ?
La France est l’un des rares pays
au monde à ne pas reconnaître l’appellation « Myanmar » pourtant officielle
depuis plus de 27 ans. Au-delà des éventuelles explications politiques,
« Birmanie » me rappelle une nostalgie romantique teintée de mystères
religieux, de trésors enfouis, de guerriers héroïques et d’une culture secrète
aux temples sacrés.
Si lointaine Birmanie
ou quand la poésie côtoie les affaires étrangères.
Pourtant, le terme
« Myanmar » est bien plus ancien puisqu’il fait référence « aux
premiers habitants du monde » et Myan
Ma signifie le « pays merveilleux » crée par ces esprits-habitants
mythiques. Myanmar reste la seule appellation connue par la population locale
et par les touristes étrangers.
Je reprends ma page d’écriture
après être sorti précipitamment dans la rue : C’est la première fois que
je ressens aussi fortement un tremblement de terre. Aucun dégât visiblement. Réflexe
bizarre : j’ai regardé au plafond pourquoi la terre tremblait sous mes
pieds ! Je suis à Mrauk U (prononcez « Miaou ! » à l’Ouest de
la Birmanie pas très loin de Sittwe (pas d'internet). Je crois que la terre a bougé un peu partout dans
le monde.
Mon arrivée au Myanmar :
J’obtiens facilement mon visa du
Myanmar à l’ambassade de Phnom Penh au Cambodge : ce visa est valable 28
jours et non un mois comme pensent de nombreux touristes. Je prévois donc de
rester donc 27 jours au Myanmar avant de m’envoler pour l’Inde, ultime étape de mon voyage.
Décollage de Hanoï, escale à Bangkok et nouveau vol pour Mandalay, au
centre Nord de Myanmar.
C’est dans l’avion qui me mène à Bangkok que je réalise qu’une escale
de 12 heures, c’est long, surtout en arrivant à 23h00. J’emprunte le Lonely de
mes voisins pour me noter rapidement une
auberge à proximité de l’aéroport... Que je ne trouverai jamais puisqu’elle est
bien à proximité d’un autre aéroport! Heureusement
que je ne l’ai pas réservée mais j’en rigole encore. Je trouve finalement sans
trop de problème une auberge toute proche qui accepte d’être payée en US
dollars.
Deuxième vol le lendemain pour Mandalay. Je remercie encore le gentil
douanier qui accepte d’apposer le tampon d’entrée ailleurs que sur la dernière
page vierge de mon passeport. Les modalités d’entrée en Inde précisent bien la
nécessité d’une page vierge disponible en plus de la page destinée au visa. Ouf,
ce petit détail administratif me préoccupait fortement. Me voici au
Myanmar !
L’aube se lève sur Bagan.
Je n’ai jamais vu un peuple aussi croyant. S’il pouvait, le Birman se ferait greffer un
troisième œil sur le front et se ferait tirer les oreilles (non à cause d’une
bêtise mais comme l'un des 32 signes distinctifs de Bouddha). Même le christianisme aux
Philippines n’atteint pas ce degré de spiritualité.
Les dorures de Mandalay |
On ne visite pas le Myanmar pour ses sites naturels et encore moins
pour ses parcs de loisirs. Le Costa Rica ou Marne-La-Vallée sont bien plus
appropriés. Inutile non plus d’approximer un temps de transport en fonction de
la distance : les routes Nord Vietnamienne sont finalement assez
confortables et rapides en comparaison des accès Est-Ouest du Myanmar... Seule
la route entre Mandalay et Rangoon est (parait-il) digne de ce nom.
Après les temples dorés de Mandalay : Bagan. J’ignorais jusqu’à
l’existence du site avant mon arrivée. Et pourtant il pourrait très bien être
la huitième merveille du monde par tant de splendeur vivante.
... Un difficile réveil en pleine nuit, deux kilomètres à parcourir en
vélo électrique, la tête dans le guidon et le nez dans les étoiles.
... Le plus haut temple comme promontoire où d’un regard j’embrasse la
vallée. Quelques écureuils me tiennent compagnie.
... Une concentration de 3835 temples bouddhistes séparés les uns des
autres par quelques dizaines de mètres seulement.
Les nuages évanescents des rosées matinales flottent entre terre et
ciel. L’aube blanche se lève et les milliers de temples s’élèvent sur Bagan... C’est
divinement beau.
Photo Google ... Les miennes sont vraiment pourries ! |
Même si les écureuils sont sympas mais je vais quand même aller me recoucher. J’aurai aimé admirer le site d’une montgolfière, mais la seule agence proposant cette activité est fermée pour cause de saisons des pluies.
Les temples sont constitués de briques rouges surmontés d’un stupa en
forme de cloche. Une architecture assez simple, même si les plus importants
ressemblent à de vrais palais. Quelques-uns sont peints en blancs, et les plus
majestueux sont même peints en dorés.
A l’intérieur, dans la zone carrée, quatre Bouddhas dorés (au sourire
de Mona Lisa) aux quatre coins cardinaux avec les offrandes devant eux. Je peux
deviner les peintures d’éléphants sur le stuc intérieur mais hélas, ces
ornements n’ont pas survécus aux années.
A l’extérieur, pas de gardien, pas de panneaux d’indication (sauf pour
les temples les plus importants), pas de grillage, pas de billetterie. Les
droits d’entrées (20$) s’effectuent à l’entrée de la ville (généralement dans
le bus) et une carte permet d’accéder à l’ensemble du site pendant cinq jours.
Personne ne me la jamais demandée.
Les chèvres, paissent paisiblement autours des monuments, les
troupeaux de vaches occupent parfois la largeur du chemin de terre sablée. Les
villageois circulent en charrettes et les touristes en I-bike : vélo
électrique parfaitement silencieux d’une autonomie moindre que précisée...
Cette vie n’est pas gênante bien au contraire : les temples de
Bagan vivent toujours au rythme du culte local et c’est surement l’un des rares
sites archéologiques au monde à conserver vivante sa vocation dans son esprit
d’origine.
Si lointaine Birmanie...
Voilà une jolie écriture pour ce pays que l'on connaît peu. Tu nous vends du rêve encore une fois. Le Myanmar te remercierait pour tant d'éloges. Bagan est donc TA huitième merveille du monde...
RépondreSupprimerMerci encore une fois... et profite de la fin de ton séjour birman
Blntt
Amusant dans ce pays peu développé de trouver des vélos électriques! Drôle d'épisode aussi que ce tremblement de terre.
RépondreSupprimerJ'espère qu'il n'y aura pas d'autres secousses dans les jours à venir. David
bonne continuation
RépondreSupprimerles temples birmans sont ils habités par des moines ?
amicalement
Les moines vivent dans quelques monastères en ville ou parfois même entre les temples inhabités : la plupart sont de simples pagodes avec quelques statues de Bouddha à l'intérieur. Il n'y a presque non plus de villages jouxtant ces temples, Contrairement au site de Mrauk U plus à l'Ouest : Il semble que des dizaines furent contraintes de bouger pour que le site fasse "plus touristique"...
SupprimerJe ne connaîs la Birmanie qu'à travers "La vallée des rubis" de Joseph Kessel qui a parlé de Mogok, et je ne rêve pendant ma tendre jeunesse qu'à travers cette description par l'auteur:
RépondreSupprimer"Plus secrète que La Mecque, plus difficile d'accès que Lhassa, il existe au cœur de la jungle birmane une petite cité inconnue des hommes et qui règne pourtant sur eux par ses fabuleuses richesses depuis des siècles : c'est Mogok, citadelle du rubis, la pierre précieuse la plus rare, la plus chère, la plus ensorcelante. Mogok, perdue dans un dédale de collines sauvages par-delà Mandalay. Mogok autour de laquelle rôdent les tigres...".
Mogok existe-elle ?
...ou ce n'est qu'un mirage de mon imagination ?.
Papou
Je cherche.... Je cherche .... J'espère bien trouver !! Cà m'arrangerait ;-)
SupprimerTrès joli récit et le site de Bagan appelle à l'onirisme... Bisous à Bob Morane
RépondreSupprimerLily