Cuba, c’était sympa, sécure, facile, bref parfait pour commencer. C’était un peu comme
des vacances. (Même si je ne me sens pas
vraiment en vacances au sens où elles sont généralement conçues pour recharger
les batteries avant d’entamer une autre période de stress et de fatigue)
A l’aéroport de la Havane, de nombreux Français
attendent pour enregistrer au comptoir d’Air France : la file d’attente
fait le tour du hall ! (Un comptoir pour tous les vols Air France, quelle
que soit la ville de destination) J’abandonne les amis rencontrés 2 ou 3 jours
auparavant à leur longue patience où le sujet majeur est bel et bien les
détails que chacun peut s’échanger sur les attentats de la veille. Dans la file
d’attente, les informations circulent et c’est étonnant à quel point les
Français se parlent facilement…. A l’étranger (et malheureusement en cas de catastrophe)
Je me dirige vers le comptoir de ma compagnie
préférée (Air Cubana) pour mon vol La Havane- Cancun (Mexique). A l’origine, le
vol devait avoir lieu à 14h30. Un mail (reçu alors que j’étais encore en
France) m’informait qu’exceptionnellement, ce vol était déplacé à 21h30. Horaire
respecté puisque nous décollons finalement à 22h30…
Deux heures de vol tranquilles. A l’aéroport de
Cancun, une nouvelle (très longue) attente pour l’autorisation d’entrée dans le
pays. A la douane, seuls deux moustachus zélés (pour quelques centaines de
personnes) s’amusent à tamponner le plus fort possible une multitude de tampons
sur le passeport et différents papiers à remplir : tchac, tchac, tchac,
tchac. A croire que plus ils tamponnent fort, plus ils montrent leur efficacité
à leur chef …et au suivant… C’est enfin à moi !
D’un ton
particulièrement antipathique, style interrogatoire 36 Quai des Orfèvres :
·
Vous
parlez Espagnol ou Anglais ?
·
Pourquoi
venez-vous au Mexique ?
·
Dans quel
hôtel descendez-vous ?
ð J’ai
heureusement choisis un nom et une adresse d’auberge « au hasard »
dans le Lonely Planet …
·
Combien de
temps restez-vous au Mexique ?
ð 15
jours. (Je trouve que ça sonne bien comme réponse !)
·
Vous
n’allez pas rester 15 jours dans ce même hôtel ?
ð Non,
je pense visiter et bouger.
·
Quelle est
votre ville de retour pour la France ?
·
Mexico
·
Avez-vous
votre billet de retour ?
ð Bien
évidemment. (Zut, c’est un billet 1,5 mois plus tard, incompatible avec ma
réponse de 15 jours)
·
Quel est
le numéro du vol ?
ð AF
31416 (Nombre Pi pour les intimes), et
là je commence à sortir mon faux billet l’air le plus tranquille possible,
question de bluff…
·
Sans me
laisser terminer de sortir le fameux sésame, le fonctionnaire hésite un instant
avant de tamponner mon passeport assorti d’un OK, 15 jours et pas plus, et il
note sur mon entrée : « 15 jours maximum » suivant !
Ouf me voici sur le
sol mexicain ! J’ai bien cru que mon moustachu de fonctionnaire n’allait
jamais me laisser entrer dans le pays d’Old El Paso. J’ai le chic pour arriver
dans un pays à des heures pas possibles ! Il est 1h30 du matin, je suis
fatigué, et la dernière navette amenant les touristes aux hôtels part dans
quelques minutes : heureusement que j’ai prévu quelques dollars US car pas
le temps de chercher un distributeur automatique pour m’alimenter en pesos
mexicains…. (Comme d’hab !)
Une dizaine de
touristes entrent en même temps que moi dans la navette qui se dirige vers la
zone côtière des « Cancun Resort & Spa **** », s’arrêtant toutes
les 5 minutes pour délivrer à chaque hôtel quelques kilos humanoïdes de
portefeuilles sur pattes. Une fois passée la zone hôtelière, Je suis le dernier
dans la navette, et j’indique au chauffeur que je vais dans le centre-ville.
D’un drôle de regard, il me demande le nom de mon hôtel, et lui ré-indique le nom de l’auberge repérée
dans le Lonely Planet … Adresse parfaitement inconnue du chauffeur!
Dois-je rajouter que
depuis deux jours, une tempête sur Cancun inonde la ville de ses vents et ses pluies tropicales ? Jusqu’à 50 cm d’eau dans les rues et certains
quartiers ne sont plus accessibles aux véhicules. Pas un piéton dehors, et même
Mary Poppins ne s’aventurerait pas à pointer le bout de son parapluie dehors.
Le chauffeur, un
tantinet énervé, m’indique qu’il ne peut pas aller plus loin. « No booking ? » Effectivement,
je n’ai aucune réservation d’hôtel (ce qui est en principe obligatoire), et lui
demande donc de m’arrêter dans un établissement « barrato » (pas
cher), quel qu’il soit. Me voici enfin dans une sorte de campanile local (et pas
barrato du tout) pour une demi-nuit, coincé dans un Cancun que je maudis déjà, et
que je n’ai même pas envie de visiter.
Si çà tombe, je vais
devoir rester plusieurs jours dans ce trou à cause de la tempête machin-chose
(Un prénom féminin.) Seul avantage, Internet fonctionne plutôt bien dans cet
hôtel. Je m’endors finalement vers 2h30 du matin de mauvaise humeur, en maudissant
dans l’ordre : la Cubana de aviaciones, la douane et les douaniers mexicains, le chauffeur de la navette
franchement pas compréhensif, les nombreux
dollars dépensés pour pas grand-chose, l’hôtel sans petit déjeuner possible, et
bien évidemment la tempête locale. Demain est un autre jour….
... Deux options
s’offrent à moi : rester dans ce trou en attendant que la tempête se calme
ou affronter les pluies et vents diluviens pour partir le plus rapidement possible
… Bien sûr, j’opte pour partir le plus rapidement possible, coûte que coûte:
un arrêt de bus est à 200 mètres et je pourrai rejoindre la gare routière pour
enfin m’éloigner de ce maudit Cancùn.
200 mètres c’est peu, mais çà demande quand même une préparation
spécifique pour affronter la tempête :
Sac à dos protégé
par une housse spéciale pluie, et quitte à être trempé autant être légèrement
vêtu : je choisis de me mettre en short de bain, en tong et en simple
tee-shirt. Je me sècherai et me changerai à la gare routière. C’est donc avec
de l’eau jusqu’aux mollets que j’arrive à l’arrêt du bus trempé jusqu’aux os. Quelques rares véhicules
peuvent encore rouler, me projetant au passage bon nombres de seaux d’eau… La
situation m’amuse et me marre seul en me disant que Cancùn est vraiment le parfait endroit pour faire de la plongée sous-marine urbaine … Si j’avais un
masque, des palmes et un tuba, je vous jure que je me serai promené ainsi en centre-ville …
Direction
VALLADOLID. A peu près sec, quelques heures de bus… Le soleil repointe le bout
de son nez en rentrant dans les terres enfin !
VALLADOLID, surnommée la « Sultane de l’Est », la
troisième ville du Yucatan est réputée pour sa douceur de vivre et ses
bâtiments coloniaux baignés de soleil. Cette ville agréable se prête à un
séjour point de départ pour de nombreuses visites. Le Yucatan est également
célèbre pour ses nombreux céanotes que je visite le soir même (en m’y baignant,
avec possibilité de nombreux sauts) à vélo et même en pick up 4x4 en compagnie
d’Italiens rencontrés dans le bus (et avec qui je resterai une bonne partie du
Mexique). La ville mérite sa réputation, le soleil est réapparut,
l’architecture est superbe et colorée. Coup de chance, le soir même est soir de
fête dans la ville pour célébrer l’anniversaire de la révolution mexicaine. La
place centrale est noire de monde et un spectacle de chants et danses
traditionnels nous est offert !
Aussi bizarre que
cela puisse être, je n’ai pas le temps de m’ennuyer : le matin, c’est le
petit déjeuner ou toutes les nationalités (européennes, australiennes
canadiennes) se retrouvent pour échanger sur le planning de la journée et des trucs
et astuces pas chers pour bouger ou visiter. La journée, les visites se
succèdent : Chichen Itza, cette ville probablement du Xème siècle, est le principal centre religieux du
Yucatán ; il reste aujourd’hui l’un des sites archéologiques les plus
importants et les plus visités de la région. Le site a été classé au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1988, et a été élu, le 7 Juillet 2007, comme l'une des sept nouvelles merveilles du monde.
Les nombreux Céanotes pour se rafraichir et nager avec les
poissons, ou les chutes d’Agua Azul (avec baignade également), la journée est
rythmée par le transport en bus, en stop par groupe de deux ou trois ou en taxi
partagé après d’âpres négociations.
Deux exemples précis
de la gentillesse mexicaine :
Dernière étape
mexicaine à San Cristobal de Las Casas (Région du Chipias) particulièrement
connu pour son marché immense. Je profite de ce village touristique et calme pour me reposer un peu en restant deux
/ trois jours et de mettre à jour mon sac à dos (lessive complète), tri et
rangement de mes photos Cuba / Mexique.
La gentillesse des
Mexicains n’est pas un vain mot : chacun se salue dans la rue en se
croisant d’un « buenos dias, d’un buenas tardes ou d’un buenas
noches » selon l’heure. A mon tour, je salue chaque passant accompagné
parfois d’un « Amigo ». Difficile d’imaginer saluer chaque personne
croisée en déambulant dans les rues de Paris… Mais c’est tellement agréable de
se sentir accueilli par la population locale que j’ai parfois honte de la façon
dont nous accueillons les nombreux chinois à Paris. Promis, à mon retour, j’y
penserai….
Alors que je devais
reprendre mon linge à la « lavanderia », la dame m’annonce qu’à cause
d’une coupure d’eau, mon linge a été transféré à un autre
« pressing », et qu’il ne sera donc pas prêt pour ce soir. La nuit
tombe et les températures chutent, et devant mon désarroi de ne pas avoir de
vêtement chaud disponible, celle-ci me prête pour la soirée la veste de son
mari ! Je la rendrai demain matin en récupérant mon linge propre.
Difficile d’imaginer pareille assistance de la part du 5 à sec de la galerie
marchande de Carrefour !
Essayez également de
vous assoir à une terrasse d’un café, sans acheter de consommation, mais au
contraire, en sortant vos propres vivres et boissons en plein cœur de Paris.
Ici, non seulement la personne nous accueille, mais en plus, nous apporte
assiette, verres et autres matériel pour nous sustenter ! Bon, on a fini
par consommer aussi sur place, juste par
reconnaissance !
Les heures de bus (de
jour ou de nuit) se suivent (2 compagnies : ADO ou Oriente), avec toujours
les différentes visites de ruines Mayas ou de céanotes pour se rafraichir. MERIDA, ancienne cité maya, capitale
culturelle de la Péninsule, profondément ancrée dans l’histoire coloniale, CAMPECHE, puis PALENQUE. Toujours avec ce groupe à majorité italienne avec parfois
quelques rajout hollandais.
Au Mexique, comme au
Guatémala d’où j’écris, les hôtels sont partagés
entre les chambres particulières (avec ou sans salle de bain) et les dortoirs
(bien moins chers) aux lits-superposés. La cuisine est collective et chacun
peut stocker ses courses et faire sa propre cuisine. Le plus pratique reste
quand même de mutualiser l’ensemble des taches pour les simplifier : une
vraie caricature de « l’auberge espagnole » devant ce foutoir
généralisé mais ou la bonne humeur s’exprime à 60% anglais et 40% espagnol.
(Le français est
définitivement une langue internationale parlée qu’en France.) Après une
semaine passée au Mexique, tout ce petit monde se sépare suivant son propre
itinéraire. Le mien me dirige vers le Guatémala.
La beauté des sites mayas, les amitiés
éphémères et la gentillesse de la population locale m’ont définitivement et
rapidement fait oublier mon arrivée
catastrophique sur le sol mexicain.
Adios Amigos !
Que du bonheur ! Trop agréable de lire tout ça et voir ces belles photos, ça concrétise ce que tu racontes au téléphone. Ca fait rêver...
RépondreSupprimerHeureusement que tu portes tes t-shirts fluos, je te reconnais tout de suite ! ;o) Bisous
Blntt
D'accord ! Finalement, le Mexique est validé. Encore un pays haut en couleurs qui fait rêver. merci pour ta prose si dépaysante. Je saurais te rappeler à ton retour de saluer d'un mot gentil et d'un geste accueillant chaque étranger que tu rencontreras à Paris. On se dira peut-être "pauvre Fabrice, l'exotisme nous l'aura définitivement rendu fada"...
RépondreSupprimerBisous des lérysiens
J'ai bien lu ton odyssée au Mexique, j'espère que le Guatemala va te réserver aussi d'agréables surprises et te souhaite bonne suite à nous raconter. Ne t'exposes pas trop aux intempéries, et sois
RépondreSupprimerprudent : bien recharger tes accus !
GB
papou
Salut Fabrice
RépondreSupprimerQuelle belle aventure... et on constate que tu es toujours bien entouré...
Nous suivons ton périple ! Fais nous rêver !!!
Grégory J et le magasin de Meaux...
Que c'est sympa de voyager grâce à toi, et tu as une écriture tres agréable, on s'y croirait !!!
RépondreSupprimerbravo,bravo,bravo....
j'en profite pour faire un gros bisou à mes vieilles copines, Corinne et Sylvie....
bonne continuation...
Dorothée