jeudi 26 novembre 2015

Hola Amigo!




Cuba, c’était sympa, sécure, facile, bref  parfait pour commencer. C’était un peu comme des vacances. (Même si je ne me sens pas vraiment en vacances au sens où elles sont généralement conçues pour recharger les batteries avant d’entamer une autre période de stress et de fatigue)
A l’aéroport de la Havane, de nombreux Français attendent pour enregistrer au comptoir d’Air France : la file d’attente fait le tour du hall ! (Un comptoir pour tous les vols Air France, quelle que soit la ville de destination) J’abandonne les amis rencontrés 2 ou 3 jours auparavant à leur longue patience où le sujet majeur est bel et bien les détails que chacun peut s’échanger sur les attentats de la veille. Dans la file d’attente, les informations circulent et c’est étonnant à quel point les Français se parlent facilement…. A l’étranger (et  malheureusement en cas de catastrophe)
Je me dirige vers le comptoir de ma compagnie préférée (Air Cubana) pour mon vol La Havane- Cancun (Mexique). A l’origine, le vol devait avoir lieu à 14h30. Un mail (reçu alors que j’étais encore en France) m’informait qu’exceptionnellement, ce vol était déplacé à 21h30. Horaire respecté puisque nous décollons finalement à 22h30…
Deux heures de vol tranquilles. A l’aéroport de Cancun, une nouvelle (très longue) attente pour l’autorisation d’entrée dans le pays. A la douane, seuls deux moustachus zélés (pour quelques centaines de personnes) s’amusent à tamponner le plus fort possible une multitude de tampons sur le passeport et différents papiers à remplir : tchac, tchac, tchac, tchac. A croire que plus ils tamponnent fort, plus ils montrent leur efficacité à leur chef …et au suivant… C’est enfin à moi !
D’un ton particulièrement antipathique, style interrogatoire 36 Quai des Orfèvres :
·       Vous parlez Espagnol ou Anglais ?
·       Pourquoi venez-vous au Mexique ?
·       Dans quel hôtel descendez-vous ?
ð  J’ai heureusement choisis un nom et une adresse d’auberge « au hasard » dans le Lonely Planet …
·       Combien de temps restez-vous au Mexique ?
ð  15 jours. (Je trouve que ça sonne bien comme réponse !)
·       Vous n’allez pas rester 15 jours dans ce même hôtel ?
ð  Non, je pense visiter et bouger.
·       Quelle est votre ville de retour pour la France ?
·       Mexico
·       Avez-vous votre billet de retour ?
ð  Bien évidemment. (Zut, c’est un billet 1,5 mois plus tard, incompatible avec ma réponse de 15 jours)
·       Quel est le numéro du vol ?
ð  AF 31416  (Nombre Pi pour les intimes), et là je commence à sortir mon faux billet l’air le plus tranquille possible, question de bluff…
·       Sans me laisser terminer de sortir le fameux sésame, le fonctionnaire hésite un instant avant de tamponner mon passeport assorti d’un OK, 15 jours et pas plus, et il note sur mon entrée : « 15 jours maximum » suivant !

 Ouf me voici sur le sol mexicain ! J’ai bien cru que mon moustachu de fonctionnaire n’allait jamais  me laisser entrer dans le pays d’Old El Paso. J’ai le chic pour arriver dans un pays à des heures pas  possibles ! Il est 1h30 du matin, je suis fatigué, et la dernière navette amenant les touristes aux hôtels  part dans quelques minutes : heureusement que j’ai prévu quelques dollars US car pas le temps de  chercher un distributeur automatique pour m’alimenter en pesos mexicains…. (Comme d’hab !)
 Une dizaine de touristes entrent en même temps que moi dans la navette qui se dirige vers la zone  côtière des « Cancun Resort & Spa **** », s’arrêtant toutes les 5 minutes pour délivrer à chaque hôtel  quelques kilos humanoïdes de portefeuilles sur pattes. Une fois passée la zone hôtelière, Je suis le  dernier dans la navette, et j’indique au chauffeur que je vais dans le centre-ville. D’un drôle de regard,  il me demande le nom de mon hôtel, et  lui ré-indique le nom de l’auberge repérée dans le Lonely  Planet … Adresse parfaitement inconnue du chauffeur!

 Dois-je rajouter que depuis deux jours, une tempête sur Cancun inonde la ville de ses vents et ses  pluies tropicales ? Jusqu’à 50 cm d’eau dans les rues et certains quartiers ne sont plus accessibles aux  véhicules. Pas un piéton dehors, et même Mary Poppins ne s’aventurerait pas à pointer le bout de son  parapluie dehors.

 Le chauffeur, un tantinet énervé, m’indique qu’il ne peut pas aller plus loin. « No booking ? »  Effectivement, je n’ai aucune réservation d’hôtel (ce qui est en principe obligatoire), et lui demande  donc de m’arrêter dans un établissement « barrato » (pas cher), quel qu’il soit. Me voici enfin dans  une sorte de campanile local (et pas barrato du tout) pour une demi-nuit, coincé dans un Cancun que je  maudis déjà, et que je n’ai même pas envie de visiter.
  Si çà tombe, je vais devoir rester plusieurs jours dans ce trou à cause de la tempête machin-chose (Un  prénom féminin.) Seul avantage, Internet fonctionne plutôt bien dans cet hôtel. Je m’endors  finalement vers 2h30 du matin de mauvaise humeur, en maudissant dans l’ordre : la Cubana de  aviaciones, la douane et les douaniers  mexicains, le chauffeur de la navette franchement pas  compréhensif,  les nombreux dollars dépensés pour pas grand-chose, l’hôtel sans petit déjeuner    possible, et bien évidemment la tempête locale. Demain est un autre jour….

 ... Deux options s’offrent à moi : rester dans ce trou en attendant que la tempête se calme ou affronter  les pluies et vents diluviens pour partir le plus rapidement possible … Bien sûr, j’opte pour partir le  plus rapidement possible, coûte que coûte: un arrêt de bus est à 200 mètres et je pourrai rejoindre la  gare routière pour enfin m’éloigner de ce maudit Cancùn.  200 mètres c’est peu, mais çà demande  quand même une préparation spécifique pour affronter la tempête :
 Sac à dos protégé par une housse spéciale pluie, et quitte à être trempé autant être légèrement vêtu : je  choisis de me mettre en short de bain, en tong et en simple tee-shirt. Je me sècherai et me changerai à  la gare routière. C’est donc avec de l’eau jusqu’aux mollets que j’arrive à l’arrêt du bus  trempé  jusqu’aux os. Quelques rares véhicules peuvent encore rouler, me projetant au passage bon nombres  de seaux d’eau… La situation m’amuse et me marre seul en me disant que Cancùn est vraiment le  parfait endroit pour faire de la plongée sous-marine urbaine … Si j’avais un masque, des palmes et un  tuba, je vous jure que je me serai promené  ainsi en centre-ville …

 Direction VALLADOLID. A peu près sec, quelques heures de bus… Le soleil repointe le bout de son  nez en rentrant dans les terres enfin !

VALLADOLID, surnommée la « Sultane de l’Est », la troisième ville du Yucatan est réputée pour sa douceur de vivre et ses bâtiments coloniaux baignés de soleil. Cette ville agréable se prête à un séjour point de départ pour de nombreuses visites. Le Yucatan est également célèbre pour ses nombreux céanotes que je visite le soir même (en m’y baignant, avec possibilité de nombreux sauts) à vélo et même en pick up 4x4 en compagnie d’Italiens rencontrés dans le bus (et avec qui je resterai une bonne partie du Mexique). La ville mérite sa réputation, le soleil est réapparut, l’architecture est superbe et colorée. Coup de chance, le soir même est soir de fête dans la ville pour célébrer l’anniversaire de la révolution mexicaine. La place centrale est noire de monde et un spectacle de chants et danses traditionnels nous est offert !






Aussi bizarre que cela puisse être, je n’ai pas le temps de m’ennuyer : le matin, c’est le petit déjeuner ou toutes les nationalités (européennes, australiennes canadiennes) se retrouvent pour échanger sur le planning de la journée et des trucs et astuces pas chers pour bouger ou visiter. La journée, les visites se succèdent : Chichen Itza, cette ville probablement du Xème siècle, est le principal centre religieux du Yucatán ; il reste aujourd’hui l’un des sites archéologiques les plus importants et les plus visités de la région. Le site a été classé au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1988, et a été élu, le 7 Juillet 2007, comme l'une des sept nouvelles merveilles du monde.

Les nombreux  Céanotes pour se rafraichir et nager avec les poissons, ou les chutes d’Agua Azul (avec baignade également), la journée est rythmée par le transport en bus, en stop par groupe de deux ou trois ou en taxi partagé après d’âpres négociations.


La gentillesse des Mexicains n’est pas un vain mot : chacun se salue dans la rue en se croisant d’un « buenos dias, d’un buenas tardes ou d’un buenas noches » selon l’heure. A mon tour, je salue chaque passant accompagné parfois d’un « Amigo ». Difficile d’imaginer saluer chaque personne croisée en déambulant dans les rues de Paris… Mais c’est tellement agréable de se sentir accueilli par la population locale que j’ai parfois honte de la façon dont nous accueillons les nombreux chinois à Paris. Promis, à mon retour, j’y penserai….
 Deux exemples précis de la gentillesse mexicaine :
Alors que je devais reprendre mon linge à la « lavanderia », la dame m’annonce qu’à cause d’une coupure d’eau, mon linge a été transféré à un autre « pressing », et qu’il ne sera donc pas prêt pour ce soir. La nuit tombe et les températures chutent, et devant mon désarroi de ne pas avoir de vêtement chaud disponible, celle-ci me prête pour la soirée la veste de son mari ! Je la rendrai demain matin en récupérant mon linge propre. Difficile d’imaginer pareille assistance de la part du 5 à sec de la galerie marchande de Carrefour !
Essayez également de vous assoir à une terrasse d’un café, sans acheter de consommation, mais au contraire, en sortant vos propres vivres et boissons en plein cœur de Paris. Ici, non seulement la personne nous accueille, mais en plus, nous apporte assiette, verres et autres matériel pour nous sustenter ! Bon, on a fini par consommer aussi sur place, juste  par reconnaissance !
Les heures de bus (de jour ou de nuit) se suivent (2 compagnies : ADO ou Oriente), avec toujours les différentes visites de ruines Mayas ou de céanotes pour se rafraichir. MERIDA, ancienne cité maya, capitale culturelle de la Péninsule, profondément ancrée dans l’histoire coloniale, CAMPECHE, puis PALENQUE. Toujours avec ce groupe à majorité italienne avec parfois quelques rajout hollandais.
Dernière étape mexicaine à San Cristobal de Las Casas (Région du Chipias) particulièrement connu pour son marché immense. Je profite de ce village touristique et  calme pour me reposer un peu en restant deux / trois jours et de mettre à jour mon sac à dos (lessive complète), tri et rangement de mes photos Cuba / Mexique.
Au Mexique, comme au Guatémala d’où j’écris,  les hôtels sont partagés entre les chambres particulières (avec ou sans salle de bain) et les dortoirs (bien moins chers) aux lits-superposés. La cuisine est collective et chacun peut stocker ses courses et faire sa propre cuisine. Le plus pratique reste quand même de mutualiser l’ensemble des taches pour les simplifier : une vraie caricature de « l’auberge espagnole » devant ce foutoir généralisé mais ou la bonne humeur s’exprime à 60% anglais et 40% espagnol.


(Le français est définitivement une langue internationale parlée qu’en France.) Après une semaine passée au Mexique, tout ce petit monde se sépare suivant son propre itinéraire. Le mien me dirige vers le Guatémala.
 La beauté des sites mayas, les amitiés éphémères et la gentillesse de la population locale m’ont définitivement et rapidement  fait oublier mon arrivée catastrophique sur le sol mexicain.


Adios Amigos !





5 commentaires:

  1. Que du bonheur ! Trop agréable de lire tout ça et voir ces belles photos, ça concrétise ce que tu racontes au téléphone. Ca fait rêver...
    Heureusement que tu portes tes t-shirts fluos, je te reconnais tout de suite ! ;o) Bisous
    Blntt

    RépondreSupprimer
  2. D'accord ! Finalement, le Mexique est validé. Encore un pays haut en couleurs qui fait rêver. merci pour ta prose si dépaysante. Je saurais te rappeler à ton retour de saluer d'un mot gentil et d'un geste accueillant chaque étranger que tu rencontreras à Paris. On se dira peut-être "pauvre Fabrice, l'exotisme nous l'aura définitivement rendu fada"...
    Bisous des lérysiens

    RépondreSupprimer
  3. J'ai bien lu ton odyssée au Mexique, j'espère que le Guatemala va te réserver aussi d'agréables surprises et te souhaite bonne suite à nous raconter. Ne t'exposes pas trop aux intempéries, et sois
    prudent : bien recharger tes accus !
    GB
    papou

    RépondreSupprimer
  4. Salut Fabrice
    Quelle belle aventure... et on constate que tu es toujours bien entouré...
    Nous suivons ton périple ! Fais nous rêver !!!

    Grégory J et le magasin de Meaux...

    RépondreSupprimer
  5. Que c'est sympa de voyager grâce à toi, et tu as une écriture tres agréable, on s'y croirait !!!
    bravo,bravo,bravo....
    j'en profite pour faire un gros bisou à mes vieilles copines, Corinne et Sylvie....
    bonne continuation...
    Dorothée

    RépondreSupprimer

Ajouter votre commentaire et laisser votre nom en choisissant "NOM/URL" dans le menu déroulant, sans oublier de mettre votre nom !