mardi 29 mars 2016

Rien que de l'eau...


Elle m'a fixé rendez-vous, alors je suis là à l'heure et à l'endroit convenus.
Elle me semble douce et calme. Elle ondule légèrement alors je m'approche. J'ai envie de la toucher... Mais au plus près, elle se met à gronder, à bouger. Irrésistible, elle emporte tout. Elle est irrésistiblement belle. C'est son côté argentin.

Mon arrivée en Argentine

Depuis Ciudad Del Este au Paraguay, je suis le seul touriste dans le bus qui me mène à Puerto Iguazu en Argentine. (Ne pas confondre avec Foz Iguazu à quelques kilomètres de là, mais au Brésil.)
Les locaux n'ont pas à faire valider leur sortie de territoire, mais fort heureusement, le chauffeur ne m'oublie pas et s'arrête comme convenu au poste de douane, juste le temps de faire tamponner mon passeport et de remonter dans le bus. Même scénario pour l'entrée en Argentine. Me voici enfin sur les terres de Maradona et pour fêter çà, je fredonne "don't cry for me Argentina", version Madona.
Il est encore tôt ce matin, c'est une autre Amérique du Sud qui commence.

Au programme de la journée : trouver un hôtel pour déposer mon sac à dos, changer mes guaranis paraguayens contre des pesos argentins, (la transaction s'effectuera discrètement dans l'arrière boutique d'un petit magasin de vêtement, ici le change de rue est illégal mais tellement plus intéressant) ... Et surtout être à l'heure à mon rendez-vous !

Iguazu en point de chutes 

J'ai rendez-vous avec elle depuis longtemps, depuis la France. Elle ? Rien que de l'eau.
Les chutes d'Iguazu sont les plus belles et les plus impressionnantes de la planète. C'est l'une des sept merveilles naturelles du monde. Encore une petite heure de bus pour accéder à l'entrée du parc naturel, côté argentin. En face, c'est la partie brésilienne. Le site est si vaste  (3 km de long en forme de cirque, 275 cascades, la plus haute de 90 mètres, la gorge du diable, 6 millions de litres par seconde...) qu'il est impossible d'embrasser d'un seul regard l'ensemble du cirque. C'est quelques dizaines de kilomètres à parcourir à pieds ou en petit train pour découvrir toutes les facettes de la belle.

L'entrée dans le parc d'Iguazu : des petits trains sont disponibles !

Mes réflexions Iguazunesques :

Sur les chemins du parc ou dans le petit train qui me mène à la "Gorge du diable", je réfléchis sur la place de l'homme sur terre et sur le sens de la vie. Je vous confie mes quelques unes de mes réflexions :

* C'est toujours la même eau qui coule, et pourtant c'est jamais la même.
* Une entrecôte ce soir, ou pourquoi pas une pizza...
* J'ai souvent jeté un bâton dans un cours d'eau en espérant qu'il aille jusqu'au bout du voyage .. Existe t-il un terminus de bâtons ? C'est ou le bout du voyage?
* Il paraît que la viande argentine est la meilleure du monde ... Une côte à l'os, épaisse, tendre,  avec du gros sel ... ou j'attends Buenos Aires ?
* Combien d'humains se sont fait engloutir avec leur embarcation dans les chutes d'Iguazu ? Est il possible de se sortir vivant de cette super chasse d'eau ?
* Étrange paradoxe : La nature sera toujours plus forte que l'homme, et pourtant on peut la tuer.


Toute la profondeur de mes réflexions dans les yeux du coati ...


M'approcher au plus près ...

De nombreux miradors offrent une vue différente : de haut ou d'en bas, de près ou de loin. Gorge du diable centrée ou cascade cachée dans un recoin rocheux, sage et tranquille, ou déferlante et assourdissante.
Je vais la taquiner au plus près ... Mais c'est elle qui a le sens de l'humour! D'un simple souffle de vent, elles vous envoie des litres d'eau pulvérisée qui vous trempe jusqu'aux os en quelques secondes seulement !
Il y a ceux qui se sont plastifiés des pieds à la tête, ceux qui y vont à moitié nus pour protéger leur vêtement (mon option), et ceux qui acceptent le programme rinçage et qui ressortent en bob l'éponge!




C'est grandiose. C'est fragile et nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas.

J'ai la chance de pouvoir assister à un spectacle somptueux. L'eau semble si forte, si puissante, et parfois même dévastatrice. Pourtant nous sommes en train de la polluer et nous finirons par tuer celle qui donne la vie. C'est un suicide collectif dont nous ne voulons pas avoir conscience. Je deviens vraiment écologiste. Pas au sens politicien des rigolos qui se disputent les sièges aux parlements, mais la nature est en danger. Le réchauffement de la planète, le plastique, le carbone, la déforestation, les besoins toujours plus importants en énergie, les eaux douces ou les océans...
Si nous ne faisons rien, le jour du triste bilan irréversible, "nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas." (Jacques Chirac)

Alors je reste un peu auprès d'elle. Je suis trempé. J'appuie sur le bouton "enregistrement" de ma mémoire pour garder le plus de détails possibles. Je me concentre sur mes sens, la vue, l'ouïe, le toucher, l'odorat.  C'est magnifique. Merci pour le spectacle, c'est grandiose. Respects.
Respectons.


Les chutes d'Iguazu (à peine 25%!) vues d'un drone




Rien que de l'eau ...

Sur chaque site, j'ai toujours une chanson en tête qui traduit souvent mon état d'esprit. Dans le parc d'Iguazu, c'est "Rien que de l'eau" de Véronique Sanson. Extrait.

Elle, rappelle toi comme elle est belle,
Et touche là elle sent le sel,
C'est un don miraculeux.

Elle, c'est la naissance de la gabelle,
C'est l'oubliée des infidèles,
A la terre des futurs Dieux.

Elle, tu ne peux pas te passer d'elle,
Tu ne vivras jamais sans elle,
Ou tu n'auras que l'eau de tes yeux.

Rien que de l'eau ...



Les chiffres du mois de Mars :

4979 kilomètres en bus. (14283 kilomètres en bus depuis le début)
1150 kilomètres en voiture.
888 euros dépensés. (5895€ dépuis le début, hors avions internationaux)
20 kilomètres en bateau.

La perte du mois : rien sur Mars!
Je joue donc mon joker : sur février, j'avais égalemnt laissé ma lampe frontale à Agua Calientes. 

12 commentaires:

  1. Tout simplement...magnifique, grandiose,très belles photos, merci de partager avec nous cette très belle aventure, avec des récits qui nous font voyagé avec toi. J'attends le prochain épisode, et heureusement la saison est loin d'être terminée! bisous Véro

    RépondreSupprimer
  2. Devant les chutes d'Iguazu, je me sens aussi "inspiré" que Mac-Mahon , Edmé Patrick Maurice, Maréchal et Comte de.., homme d'Etat français.
    Auteur du célèbre: "Que d'eau, que d'eau !!!" devant l'étendue d'une inondation causée par la pluie.
    ...J'en connais aussi un qui fait du strip tease en enlevant sa chemise devant "elle" !
    papou

    RépondreSupprimer
  3. oui...l'eau beau symbole de la vie qui s'écoule...pas toujours cool !

    RépondreSupprimer
  4. Bernardo Gonzalez1 avril 2016 à 22:22

    Felicidades fabricio, me encanta escuchar tus historias y seguir tus aventuras, ante tanta abundancia tenemos tendencia a desperdiciarla, o a no valorarla, hoy estos paraisos son cada vez mas escasos, debemos hacer lo que está a nuestro alcance para que este mundo sea un lugar mejor para todos. Un fuerte abrazo. Bernardo

    RépondreSupprimer
  5. L'eau, nous ne pouvons pas vivre sans elle ! elle est peut être le symbole de la vie, mais notre vie n'est que transitoire ! Il ne faut pas prendre pour permanent ce qui n'est que transitoire. Il n'y rien qui soit permanent: le soleil et la lune se lèvent puis se couchent.
    L'impermanence est le principe de l'harmonie !! PAPOU

    RépondreSupprimer
  6. La nature est plus forte que l'homme.Elle le nourrit. Elle forme avec l'homme un TOUT.
    Tandis que l'homme cherche toujours à la dominer, si non l'asservir.
    Mais si l'homme détruit la nature, il détruit aussi cette UNITE, dont il fait partie.
    En détruisant la nature; ;l'homme signera sa FIN et se détruit lui-même.
    Papou

    RépondreSupprimer
  7. L'homme..."Humain,dit Mary...Cela vient de" "humus", la terre.Comme le mot "humilité".L'humilité,c'est pour l'homme se souvenir qu'il est fait de terre, et qu'il sera rendu à la terre.S'il l'oublie...la Terre, un jour, le lui rappelle..."
    Epilogue . Colère - Denis Marquet

    RépondreSupprimer
  8. J'aime, j'aime, j'aime... !!!
    Blntt

    RépondreSupprimer
  9. Superbe film depuis le drone. Vraiment impressionnant!! Pour les connaisseurs, je recommande la cascade à l'entrée du parc barbieux, c'est la même chose en moins bien.

    RépondreSupprimer
  10. Fabuleux...grandiose, émouvant cette beauté et cette puissance de la nature !
    Merci du partage très touchant, merci C.L

    RépondreSupprimer
  11. Wouah ! Waouh ! Vraiment impressionnantes ces chutes. "Pour ta beauté, ta force et ta constance, je t'aimerai".
    C'est subjuguant toute cette eau.
    Je me demande si pour les poissons c'est comme un parc de loisir géant avec une attraction type grand splash... En tout cas, ils doivent être rincés après un tel plongeon !
    Je partage ta sensibilité écolo, mais je suis optimiste ; je me dis que tant que les humains éprouveront ces émotions, il y a de l'espoir. Je pense comme le sage nommé Papou que "l'impermanence est le principe de l'harmonie" et que le bonheur découle d'une l'acceptation de ce postulat.
    Corine au pays des Bisounours

    RépondreSupprimer
  12. Bravo David ... le comparatif avec la cascade du parc Barbieux ... j'avoue...j aime beaucoup... j ai bcp de mal à m en remettre...
    Ces cascades sont incroyablement fabuleuses, bcp de reportages tv ...en vrai ce doit etre genialissime, cette force de la nature doit etre un regal pour les yeux et les oreilles...
    Une merveille merveilleuse... cette nature!!!
    N'oublions pas qu'elle est aussi merveilleuse que fragile...alors prenons en soin...

    Dorothee

    RépondreSupprimer

Ajouter votre commentaire et laisser votre nom en choisissant "NOM/URL" dans le menu déroulant, sans oublier de mettre votre nom !