mercredi 13 juillet 2016

Je rêvais des temples d'Angkor


... Quatrième grand rendez-vous attendu de mon voyage après Machu Picchu, Iguazu et Marie et Antoine. Je rêvais des temples d’Angkor.
Monument de l’empire Khmer, royaume binôme, minéral dans un règne végétal. Un complexe de monuments et une complexité d'édifices encore á découvrir. Lieux sauvages et tourmentés pourtant emprunts de calme et de religiosité: toute l’âme du Cambodge concentrée sur Angkor.
En plus j’aurai peut-être la chance de croiser Indiana Jones ou Lara Croft.

Angkor mérite son édito à part entière même si j'ai été relativement déçu.  Cette visite devait être le temple de mon séjour cambodgien, elle  restera une très belle chapelle, mais sans l'émotion que j'aurai aimé trouver.
Bien évidemment, je ne remets pas en cause la majesté du véritable chef d’œuvre architectural de l’empire Khmer : on ne peut être qu’admiratif devant tant de sanctuaires, tant de tonnes de rochers taillés, tant de sépultures et tant de grâce perçue dans chaque sculpture en dépit du mauvais état général.
Chaque édifice se mesure en hommes tombés, en pierres transportées et en litres de sueur. J’éprouve toujours un profond respect pour ces réalisations pour des raisons non matérialistes.

Je n’ai pas su de suite mettre les mots ni même identifier cette impression vague mais persistante de malaise. Il m’a fallu digérer et réfléchir. Pourquoi cette semi-déception alors que cette visite se présentait exceptionnelle. Trop d’attentes ? Concurrence émotionnelle du Machu Picchu ? Peut-être.

Le soleil se lève sur Angkor Wat

Avec Marie, Antoine et quelques autres milliers de personnes, nous décidons d'assister au lever du soleil sur le plus majestueux des temples: Angkor Wat.

Il fait encore nuit noire lorsque le tuk tuk nous conduit à notre première étape : la billetterie. Il existe trois sortes de billets : 1 journée (20$), 3 journées (40$) ou 6 jours (60$). Nous optons pour une journée puisque l'objectif n'est pas de devenir spécialiste, mais de nous laisser simplement porter par la magie du lieu.


L'aube se lève progressivement sans l'explosion de couleur d'un crépuscule mais tout en douceur sur des teintes rose-orangées. Quelques nuages légers nuancent la lumière hésitante. Sans même nous en apercevoir, le jour vient de se lever sur Angkor Wat.

Le parcours classique des 5 temples sur la journée :

De nombreux blogs proposent des stratégies diverses pour optimiser une journée de visite notamment en évitant la foule : effectuer le parcours "à l'envers", ne pas commencer par Angkor Wat pour laisser passer le premier flux de touristes, décaler les pauses sandwitch ....

Notre stratégie fut simplement de ne pas en avoir et de suivre le "package" vendu par l'hôtel : un tuk tuk mis à disposition une journée complète (une dizaine d'heures), le kit des 5 temples "principaux" et le timing comme bon nous semble. Hormis effectivement la foule importante de la première heure, l'étendue du site fluidifie naturellement et rapidement les visiteurs.

Angkor Wat, Angkor Thom, Bayon, Preah Khan, Ta Prohm ... J'avoue, j'ai dû faire quelques recherches pour retrouver les noms..




Le global, le détail, le ressenti.

Le risque de cette visite est de tomber dans le syndrôme "quand j'en ai vu un, je les ai tous vus." Sur un global, les pierres sont toutes de la même couleur et le style bien évidemment identique.

Alors trouver LE détail, le truc bizarre ou drôle, l' association d'idées, le truc perso ou simplement quelque chose que j'aime en particulier.

Puis de prendre le temps de m'arrêter, de m’asseoir, de m'isoler, de laisser mon esprit vagabonder, de me faire un film en m'inspirant des pierres, d'imaginer la vie quotidienne (C'était quoi au menu des restaurants de l'époque ?)

Trouver un endroit surplombant le paysage, regarder au loin et respirer le silence. Ce sont les meilleurs moments d'une visite.




Constricteurs contre constructeurs ... (J'aime !)

Le spectacle est magique et effrayant : il ne manque plus que les crânes humains, les sauvages cannibales et la cruauté des divinités sanguinaires. Heureusement, j'ai mon fouet.

Sur le toit de cet édifice,  le vent ou un oiseau a déposé une graine : ce gramme viendra à bout des tonnes de minéral. C'est la marque Angkor. Les tentacules disloquent, s'infiltrent, étouffent et finissent par digérer le temple : Le combat entre le végétal et le minéral est grandiose, mais la nature, plus patiente, sera toujours plus forte que l'homme.

Ce n'est que le juste retour des choses : l'homme offre ses constructions au Divin, la divine Nature accepte cette offrande.





Mon Bouddha orange ..

Devant l'insistance de Siddhartha, je lui est prêté mon tee shirt. Par contre, j'ai définitivement refusé de lui laisser mon sac à dos orange !

A gauche : Lara Croft,  reconnaissable malgré ses lunettes de soleil...


Les marchands du Temple

Comme la Pâque juive était proche, Jésus monta à Jérusalem. Dans le Temple, il trouva installés les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. »

Cet extrait de l’évangile de Jean explique parfaitement bien  ma soif de religiosité non étanchée et ma faim de connaissances non repue.
Les marchands du temple (ambulants et sédentaires) ont pourtant bien tenté de me vendre à manger et à boire, en plus des souvenirs, des tee-shirts, et de toutes les babioles imaginables pendant que les chauffeurs de tuk tuk s’adonnent à leur pêche favorite aux dollarotouristes.

Partout des écriteaux d’interdiction que les gardiens bafouent allègrement en jetant au sol leurs mégots et leurs détritus (j’ai toujours vu les touristes respectueux de l’environnement) alors qu’il n’y a pas, ou que très peu, de panneaux explicatifs pour chaque monument.

Ma faim de connaissance s’échoue sur l’esprit mercantile « Disneyland » perceptible dès l’entrée. Le Chiffre d’affaires (uniquement des entrées) avoisine les 200 millions de $ et ce sont les pays occidentaux et le Japon (directement ou par l’Unesco)  qui prennent en charge 95% des investissements de réhabilitation.... Et pas même un plan papier à disposition!
Poisson harponné par le vendeur, vache à lait pour le gouvernement et mouton en transhumance pour l’organisation locale, difficile de ne pas me sentir bétail  des marchands de bœufs, de brebis et de colombes de l’extrait biblique.


Bien sûr que je ne regrette pas ma visite mais les conditions ne m’ont pas permis d’apprécier à sa juste valeur le site archéologique le plus important au monde : 300 temples découvert à aujourd’hui. A son époque faste du XII ème siècle, la ville devait compter 750 000 habitants sur 1000 km². En proportion, une telle importance correspond au New York d’aujourd’hui.

Je suis venu au Cambodge d’abord pour ses temples mais je repartirai de ce pays avec  bon nombre d’autres raisons d’en garder un excellent souvenir.





9 commentaires:

  1. Voici encore un bel édito !
    Merci pour les jolies photos et ton impression sur ce lieu mythique. C'est toujours un réel plaisir de lire tes pensées, tes sentiments et tes impressions. On vit tout cela avec et à travers toi...
    Blntt

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  2. Pas étonnée. ..
    Comment ressentir de vraies émotions entourés de papi et Mamie touristes, de cars de japonais en manque de photos, de pétasses en talons se disant "je suis une aventurière"... ou de la blonde qui se dit avoir fait le desert en faisant du transat au bord de la piscine de son hotel 5 etoiles aux portes du desert... !!!
    Il faudrait faire ce genre de découverte sans le touriste lambda sans ces pompes à fric qui rôdent autour.. mais la plupart des touristes traditionnels aiment ramener des souvenirs ridicules qu ils poseront ds leur salon, ils adorent visiter ces lieux à la queue leu leu... etc etc...
    Seule consolation ... Ça fait vivre un pays...
    C'est dommage car ces lieux devraient etre impregnés de spiritualité, de majestuositè, ... le touriste les a rendus objets de consommation malgré leur histoire... dommage...
    Bonne route l'aventurier...
    Grosses bises

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  3. "La réussite d'un tour du monde passe par l'expérience. Celle qui permet de tisser des liens avec ceux qui le fabriquent et ceux qui le partagent. Plus qu'un voyage, c'est une aventure humaine"
    Merci Fabrice de nous faire découvrir ton parcours, accompagné de tes états d'âme et de tes réflexions très philosophiques. Bonne continuation et fais toujours attention à toi.
    On t'embrasse.

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  4. Quelques idées du Sud vers le Nord du Vietnam: A visiter...
    Les plages de Nha Trang sont magnifiques ainsi que ses îles de pêcheurs.
    Encore vers le Nord: les grottes de Ke Nha et Ke Bang (Patrimoines de l'Humanité).
    Gros bisous,
    papou,

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  5. Je me souviens toujours de l'orchestre composé d'hommes, de femmes mutilés et défigurés,.. musique lancinante de xylophones, accompagnée de paroles tristes que je ne comprenais pas !mais j'ai acheté quand même un vidéo contre quelques dollars.
    Les khmers rouges ont enterré beaucoup des mines anti-personnelles partout, dans les villes et... les rizières surtout. Ces mines étaient destinées aux envahisseurs vietnamiens. Seulement c'étaient surtout des cambodgiens qui ont beaucoup souffert de ces mines, surtout les enfants encore maintenant !.Certains sont atrocement défigurés.
    Les envahisseurs sont rentrés dans leur pays, laissant les cambodgiens se débrouiller.Ils ont d'autres chats à fouetter !
    Le Cambodge encore très pauvre, et a beaucoup souffert de la guerre dont ils sont loin d'être responsables. Pour vivre, ils pratiquent toute sorte de métiers, parfois inavouables.
    J'essaie de les comprendre.
    Les Khmers rouges, c'est le passé...POL POT (= Politique...potentiel, tout un programme !! est mort).

    ..."On ne s'irrite pas contre le bâton, auteur immédiat des coups, mais contre celui qui le manie; or cet homme est manié par la haine.
    C'est donc la HAINE qu'il faut haïr" Pensée bouddhiste.

    Papou,

    =================================

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  6. Je me demande si ce site porte vraiment EN LUI une spiritualité. Les édifices religieux sont souvent érigés pour le bonheur des architectes et la foi de leurs commanditaires n'a d'égal que leur mégalomanie qui méprise en litres le sang et la sueur des bâtisseurs.
    Le mégalo finit par mourir, les constructeurs successifs aussi, et puis toutes les petites mains, les coeurs modestes... Le temps s'écoule et lentement fige la pierre, l'isole des passions, des enjeux politiques. Là où il y avait une capitale, la place forte des Khmers, il reste les vestiges, la jungle, le calme, l'esprit des arbres. Des édifices où l'on se sentait fiers et invincibles, on peut peut-être maintenant se sentir faisant partie d'un tout, d'une histoire. j'aimerais bien passer par Angkor et tant pis si Mickey fait la nique à Bouddha !

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  7. PS : J'aime bien comment tu l'as habillé Siddharta. Karl Lagarfeld n'aurait pas fait mieux !
    Bisous

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