samedi 7 novembre 2015

Du balcon aux etoiles



Après 9 mois de préparation et quelques dizaines de solutions à trouver sous forme de plan A et de
plan B (suivi de tout l’alphabet), J’avais fini par oublier que le but  est bien  de vivre cette aventure. Préparer était devenu en quelque sorte une finalité en soi jusqu’à ce que ces dernières 48 heures ou la remise des clefs de mon appartement et l’empaquetage final de mon sac à dos se fassent un malin plaisir de me rappeler que le départ devenait imminent.

Je crois que j’ai dû faire et défaire à 3 reprises mon sac-à-dos sous prétexte de vérifier que tout était dedans (ce que je savais pertinemment). Peut-être un peu aussi par superstition mais surtout pour acquérir des automatismes et des points de repère pour ma toute nouvelle maison sur le dos : trousse de toilette dans la poche droite du sac, l’utile dans la poche haute, chaque chose trouve sa place définie en fonction de son degré d’urgence et de sa facilité de préhension. J’ai profité également de ces exercices d’empaquetage pour refaire un dernier tri et gagner 1 ou 2 kg en autant de volume.
(S’il y a hésitation, c’est qu’il ne faut pas prendre)

Bilan : Le gros sac termine à 14,5 kg  et le petit à 3,5 kg.
(Résultats contrôlés et certifiés par l’enregistrement  du comptoir 55, hall A du terminal Sud d’Orly)

Décollage prévu à 15h10, annoncé d'abord à 16h30 pour finalement partir réellement à 18h00 : 3 heures de retard… ! En attente d’embarquement, j’ai dû consommer 75% de ma batterie de téléphone  en appels et sms durant ce rab de France que m’offre la Cubana de Aviaciones.
Selon mes calculs scientifiques, 3 heures de retard au décollage génèrent 3 heures de retard à l’atterrissage, soit une arrivée prévue vers 23h00 heure locale … Grrr … Ca va être chaud pour trouver un lit !

L’avion au confort rustique (pas d’écran, pas de loupiotte ou de climatisation individuelle) est plein : il dessert Santiago de Cuba dans un premier temps et La Havana en destination finale. Je me retrouve à côté d’un retraité ex-photographe animalier professionnel qui a déjà réalisé quelques tours du monde pour satisfaire sa passion de l’iguane du Galapogos ou immortaliser des volatiles rares et multicolores. Il fait partie d’un groupe d’une quinzaine de personnes dont un guide Franco-cubain présent également dans l’avion. J’en profite pour demander négligemment quelle distance sépare l’aéroport du centre de Santiago, s’il existe des navettes… et c’est tout naturellement qu’il demande au guide si je peux profiter de leur bus pour rejoindre le centre (7kms). Bon, finalement le guide refuse pour une vague question d’assurance … Mais bien tenté quand même !
L’avion décolle enfin. Voilà, c’est parti.
Un vol de nuit un peu plus proche des étoiles que de mon balcon ou j’ai souvent imaginé ce moment en regardant dans le ciel les rayures laissées par les avions.

Il faudra un jour qu’on m’explique cette curieuse loi statistique qui fait que mon sac à dos arrive toujours en dernier sur le tapis roulant ! La plupart des voyageurs ont déjà quitté l’aéroport lorsque mon sac se décide enfin à pointer le bout de son nez.
Premier objectif : retirer du liquide (1 CUC = 1€) pour prendre un taxi (pas de navette) et rejoindre le centre-ville de Santiago : un seul poste de change à l’aéroport affiche un grand « no transmission por tarjeta hoy » …. Pas besoin d’être bilingue pour comprendre que ma gold ne sera d’aucune utilité ce soir et je n’ai pas un seul kopek sur moi pour payer un taxi et plus grand monde dans l’aéroport…
Heureusement, un dernier couple de Français attend une voiture que leur « casas particulares » leur avait promis (et qui bien sûr n’est jamais venue) et décide finalement de prendre le dernier taxi … Merci à eux de m’accepter comme passager « clandestin »  Ouf, c’était limite!

Un magnifique passage du livre « La nuit du feu » d’Eric Emmanuel Schmitt lu dans l'avion. Je crois que j’aurai payé assez cher le talent nécessaire pour écrire cela :
« Ma conception du voyage avait changé : la destination importe moins que l’abandon. Partir, ce n’est pas chercher, c’est tout quitter, proches, voisins, habitudes, désirs, opinions, soi-même. Partir n’a d’autre but que de se livrer à l’inconnu, à l’imprévu, à l’infinité des possibles, voire même à l’impossible. Partir consiste à perdre ses repères, la maîtrise, l’illusion de savoir et à creuser en soi une disposition hospitalière qui permet à l’exceptionnel de surgir. »

Le chauffeur de taxi engage la conversation et c’est tout naturellement qu’il connait un « bon ami » (principe du rabatteur qui touche une commission) qui a une casas avec une « chambre-disponible-magnifique-et-pas-chère-dans-le-centre-de-Santiago-que-je-pourrai-payer-demain ».
Je débarque donc -effectivement- dans le centre de Santiago dans une chambre qui à défaut d’être « magnifique » est kitchissime à souhait (style boite de chocolat rescotchée en tableau sur le mur) mais fonctionnelle (salle de bain, eau chaude, WC privatif), plutôt grande, rustique (c’est bien le terme exact) et dont la famille est vraiment super-sympa !! 20 CUC la nuit, de mémoire de Lonely Planet, c’est le tarif. (En fait toutes les casas de Santiago affichent le même tarif et je m’apercevrai le lendemain qu’il y a une casas tous les 50 mètres)
Une bonne douche, allongé prêt à dormir, je me fais un premier bilan positif. J’ai encore un peu la tête dans les étoiles puis je m’endors facilement pour une nuit (relativement) calme.

Voilà, c’est parti !!!!


Ps : pour internet, c’est très simple: quelques internet-café d'une lenteur exaspérante, pas de restaurant ou d’hôtel connecté, et zéro box domestique. La seule façon de se connecter consiste à acheter une carte (2 CUC pour 1 heure), et de se rendre sur la place du centre-ville (seul endroit avec wifi spécifique aux cartes) pour naviguer sur internet. Un vrai parcours du combattant qui finalement n’a jamais vraiment fonctionné. Rien que ce petit texte sans photo est une vraie galère à poster ! 
Heureusement, je suis à Camaguey, dans une famille qui a réussi a traficoté une antenne ! C'est toujours aussi lent, mais au moins çà marche !



8 commentaires:

  1. Super ce premier contact avec Cuba. Je vais garder tous tes billets, j'adore les aventuriers du XXIème siècle. je les admire car Il faut oser, il faut y aller, et il faut se fondre dans l'aventure, pas toujours facile. Il y aura beaucoup de rencontres sympas et puis des moins sympas, mais elles s'inscriront dans l'aventure et seront un chapitre de ta vie, alors courage on est avec toi, ne désespère jamais, ce sont nos choix qui font notre vie encore plus belle. A Cuba tu as déjà remonté le temps puisque tu te trouves dans les années 1950. Alors, Bon vent pour la suite.

    Manouedith


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  2. Quel plaisir de te lire...
    Que du bonheur t'attend encore ! bon vivement le prochain pays peut être un peu plus connecté pour aussi profiter de quelques photos :) en attendant vive W'SP !!! ;o)
    Blntt

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  3. Oyé Fabrice !
    ça fait du bien de te lire.
    Ton petit texte d'E.E. Schmitt est très beau est très vrai mais me fait un peu honte... Je n'aime pas "Partir" mais j'adore "Arriver". Ou plutôt je déteste "Quitter". La nuance est de taille : j'arrive quelque part, je m'imprègne des lieux, des gens, de l'atmosphère et tout quitter me fend le cœur. Une fois que l'avion décolle l'excitation d'arriver vers....??? prend le dessus et je ne me retourne plus.
    Partir = Quitter ?
    Arriver = trouver ?
    2 équations, qui compliquées par quelques inconnues pourraient être soumises au prochain bac de philo plutôt que math !
    Marie fait bien tourner les news.
    Gros bisous des lérysiens (et siennes)

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    1. Oui c est génial de partir et de revenir aussi . Cela permet de repartir...Sylvie

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  4. Merci pour ce premier post...voilà un début de voyage très prometteur! Te voilà les deux pieds dans la concrétude de ton aventure...céline

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  5. Salut Fabrice, content de te lire , qu'elle aventure et dès la première étape , je vois que tu n'a pas perdu le sens de la productivité , garde en sous la pédale le voyage est encore long...Je trinque à ta bonne santé camarade ! bon voyage et à très vite

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    1. Je viendrai trinquer avec toi Bruno ! (au schweppes désolée ;o))

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  6. Tu t'es envolé au bon moment.... le tout Paris est sonné ce matin. Un vendredi 13 au goût de 7 janvier... Envoie-nous vite tes récits et photos, qu'on reparte en voyage!
    Quelques (kilo)grammes de douceur dans ce monde de brutes.
    Estrella

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