Dark & Sale Vador ...

S’il y a bien un pays depuis mon départ où je me demande chaque soir « Mais qu’est-ce que je fous là ? », c’est bien le Salvador…

Le moins que l’on puisse dire est que Le Salvador n’est pas un pays touristique. (Je n’ai croisé aucun touriste en ayant fait la capitale et deux « grandes » villes !). Un contraste saisissant à tout point de vue avec le Guatémala. Je vais quand même tâcher de trouver des points positifs à ce pays… 

D’abord la monnaie. Suivant sagement mon application « Currency », je m’attendais à ce que la monnaie locale soit le Colon Salvadorien. Que nenni ! Une seule et unique monnaie en cours : la bonne tête de Georges sur le billet vert de l’Oncle Sam. Utilisant mon stock de dollars, pas besoin d’effectuer de retrait après de savants calculs pour en estimer le montant et qui plus est, la conversion est facile puisque 1$=1€. 

Enoncé du problème: « ne sachant pas combien de temps vous resterez dans un pays, et sans en connaître le coût de la vie, estimez le montant nécessaire à retirer sachant que vous chercherez à optimiser les frais bancaires dus au retrait de devises hors zone euro et que le change en sortant du pays est toujours très défavorable, et que c’est assez compliqué lorsque vous n’ avez plus d’argent les 2 derniers jours. ». Vous avez 10 minutes.

Autre point positif : le passage de frontière à Las Chimanas entre le Guaté et Le Salvador. Durant la guerre froide, les deux puissances s’échangeaient leurs espions sur le pont de Glienicker en Allemagne: Je me suis un peu senti dans la peau de cet espion avançant seul sur le pont qui sépare les deux pays, avec au bout du pont la cahute (grandissant au rythme de mon avancée) bien protégée par quelques militaires armes aux poings.

Pas de questions, pas de tampons, pas même de taxe-votée-juste-hier à régler, juste à présenter le bout de papier qu’on m’a donné à la sortie du Guatémala, et je peux poursuivre à pieds la route en lacets à travers une décharge publique, croisant quelques vendeurs ambulants et des chiens errants (ou l'inverse)

L’arrêt du bus pour Ahuachapan n’est plus qu’à 500 mètres… Bienvenue au Salvador ! A bien y réfléchir, le seul point positif est la facilité de passage car pour les conditions c’est à revoir ! 

Santa Ana, San Salvador, San Miguel : ces villes sont interchangeables tant elles sont insipides, et même (très) désagréables.
La pollution tout d’abord : en plus de la chaleur, les centaines d’autocars déversent leurs flots de nuages noirs en pleine ville, ce qui rend l’air irrespirable et les douches quotidiennes bienvenues. Les villes sont en fait un immense souk de ventes de vêtements divers où il est parfois difficile de ne pas marcher sur les détritus, et en plus des fumées, l’air ambiant est bien souvent nauséabond.
Inutile de préciser que je ne m’y suis pas attardé…

Le plus marquant reste l’insécurité. Chaque magasin - que ce soit une banque ou une boulangerie - à son garde en arme à la porte d’entrée. Certes, l’arme en question est une sorte de vieux tromblon fréquemment utilisé par Picsou (Les anciens adeptes du Journal de Mickey comprendront), mais toujours la main sur la crosse faisant semblant d'être menaçant.
Les pick up remplis de militaires sillonnent les rues régulièrement, avec toujours à bord une sorte de Dark Vador complètement vêtu de noir des pieds à la tête, le visage dans une cagoule noire, seuls ses yeux sont visibles. Ainsi, même ses voisins ne savent pas qui il est réellement... Pour éviter sans doûte toute association de malfaiteurs au sein même de la patrouille.

De la même façon qu’il est interdit de fumer dans les lieux publics, des pictogrammes indiquent que le port d’arme est interdit dans les lieux publics, les magasins, les hôtels, les restaurants and co. A l’hôtel, le gardien me précise que pour une question de sécurité, je dois rentrer avant 22h car il ferme définitivement les portes et tant pis pour les retardataires ! Vues les conditions, je ne me sents pas concerné par cette heure aussi tardive ! Quoique, je me suis dépêché de rentrer à 21h00 pile, car bien qu’étant certain qu’il n’y a pas de décalage horaire entre le Guaté et le Salvador, je me suis quand même reposé la question … Et si par malheur, il y avait une heure de plus ....

Bref, des villes pas terribles mais des hôtels bon marchés un peu glauques quand même - (Bonne idée d'avoir emporté mes draps en soie !) -  Style chambre d’hôtel du début du film « La plage » avec Di Caprio.

Seul point positif, à San Miguel, j’ai repéré un hôtel chic (mais hors budget) où je suis resté une bonne partie de l’après midi AU CALME, à siroter du thé glacé devant la piscine, tranquille.

Pourtant, il y a de beaux monuments, certes entourés par le marché aux puces ce qui dévalorise quand même les sites. Particulièrement la Cathédrale blanche de San Salvador entièrement dédiée à Oscar Roméro, Archevêque de San Salvador assassiné  par les « escadrons de la mort » d’extrême droite en Mars 1980 alors qu’il célébrait la messe. J’avais 12 ans à cette époque, mais je me souviens de l’impact médiatique de cet événement. C’était la voix des sans-voix, le défenseur des pauvres, et ardant opposant aux tortures et assassinats du régime en place. Même à l’occasion de ses funérailles, une nouvelle bombe éclate ainsi que des coups de feu.
Il est béatifié le 23 Mai 2015 à San Salvador et ici, c'est une icone, un symbole, un Saint.

Pas grand chose à raconter et pas très inspiré par le Salvador (Ce qui n'entame en rien mon plaisir de voyager)  ... J'en profite donc pour faire un premier bilan d'un mois pile-poil depuis mon départ :

* 2954 km en bus.
* 1253 € dépensés
* 510 km en avion (La Havane-Cancun)
* 60 désempaquetage et réempaquetage de mon sac à dos.
* 56 piqûres de moustique
* 34 tacos ingurgités.
* 4 pays traversés (Cuba, Mexique, Guatémala Salvador)
* 4 lessives (sans repassage, faut pas pousser !)
* 1 casquette et 1 paire de lunette de soleil oubliée à Cuba. Grrr
* 1 crampe au mollet droit.
* 0 tourista grâce à 10 gélules de Lactibiane ingurgitées.

Prochaine étape : Le prometteur Nicaragua ... J'ai hâte !